Lagune Aghien
une source durable d'eau potable pour le district d'Abidjan ?

Mégapole composée de dix communes avec plus de 6 millions d'habitants, le district d'Abidjan rencontre d'énormes difficultés d'accès à l'eau potable du fait de la baisse de la nappe d'Abidjan tributaire de la croissance démographique, du déficit pluviométrique récent et de l'imperméabilisation des sols associés à l'urbanisation. Des signes tangibles de pollutions chimiques et biologiques apparaissent également. Un tel contexte de déficit en eau et de dégradation de la qualité représente une menace pour les populations. La recherche de sources complémentaires d'approvisionnement en eau pour Abidjan apparaît primordiale

La lagune Aghien, la plus grande réserve d'eau douce à proximité d'Abidjan a été identifiée par l'Etat de Côte d'Ivoire comme ressource potentielle pour la production d'eau potable

L'objectif principal du projet est d'évaluer l'aptitude quantitative et qualitative des eaux de la lagune Aghien à la production durable d'eau potable et de mettre en place un procédé de traitement efficient des eaux lagunaires.

Plus spécifiquement il s'agira

    • d'évaluer le bilan hydrologique de la lagune et de son bassin-versant,
    • de caractériser les polluants associés aux occupations et usages principaux sur le bassin versant et apports à la lagune,
    • de connaitre la distribution spatiale et saisonnière des polluants et de la matière organique dans la lagune,
    • d'apprécier la durabilité des ressources en eau (quantité, qualité) de la lagune en fonction de l'évolution de l'occupation et des usages sur le bassin,
    • d'optimiser le procédé de traitement de l'eau de la lagune par coagulation-floculation de la matière organique en fonction de ses caractéristiques physico-chimiques et biologiques identifiées.

Résultats attendus

En centrant les travaux non seulement sur la lagune mais également sur son bassin d'alimentation, le projet apportera des connaissances nouvelles sur le fonctionnement hydrologique et les pollutions d'un bassin versant péri-urbain, en zone tropicale humide. Les caractérisations hydrochimiques associées à des scénarios d'évolution de l'occupation du bassin versant permettront d'apprécier par modélisation la durabilité de la ressource en eau de la lagune. Ces caractérisations permettront aussi d'élaborer un procédé optimisé de traitement de l'eau de la lagune qui sera testé sur un pilote en collaboration avec les gestionnaires de la ressource.

En termes de formation, ces connaissances nouvelles feront l'objet de 3 thèses. Par l'acquisition de nouveaux matériels hydrologiques et analytiques et les formations délivrées par les partenaires, les laboratoires ivoiriens (Géosciences et Environnement et UFR Environnement) renforceront leurs plateformes instrumentales et leurs compétences techniques.

L'instrumentation déployée sur le bassin versant et les connaissances acquises permettront de réaliser des écoles de terrain pour des formations académiques ou opérationnelles. Ce site deviendra un observatoire péri-urbain de référence pour le suivi long terme de la retenue d'eau Aghien, stratégique pour la ville d'Abidjan.

Partenariat

Au-delà des collaborations anciennes en hydrologie quantitative entre les laboratoires GéoSciences et Environnement, HydroSciences Montpellier et l'institut 2iE (Burkina Faso), le projet ouvre de nouvelles collaborations entre ces mêmes laboratoires sur la thématique " Hydrologie et pollutions urbaines " et sur la technologie de potabilisation de l'eau. Le partenariat avec la jeune Université de Jean Lorougnon Guédé (Daloa) sur l'hydrologie des lagunes apportera des échanges de compétences et un décloisonnement entre équipes ivoiriennes. Un autre partenariat démarre avec le LAboratoire de Physique Atmosphérique de l'Université Houphouet Bogny (Abijan) intéressé pour étudier sur ce bassin versant l'estimation des pluies par téléphonie.

Dans le cadre du Laboratoire Mixte International Picass'Eau co-porté par les Universités de Nangui Abrogoua (Côte d'Ivoire), de Ngaoundéré (Cameroun) et HydroSciences Montpellier (France), un chercheur et un technicien hydrologues IRD sont affectés depuis septembre 2014 au laboratoire GéoSciences et Environnement. Ils seront des partenaires directs du projet.